Chronique d’une victoire annoncée pour Terrebonne

18 mars 2025

Analyse

Temps estimé: 3 minutes

À la suite de la démission de Pierre Fitzgibbon, comme ministre et député, en septembre 2024, la circonscription de Terrebonne attendait son nouveau représentant à l’Assemblée nationale. Sans grande surprise, le Parti Québécois a réussi à imposer sa candidate, l’ancienne présidente du Parti Québécois, Catherine Gentilcore, avec 52,74% des voix exprimées. Il faut dire que c’est un retour au bercail pour les habitants de la circonscription de Terrebonne, qui a connu une alternance péquiste et libérale jusqu’à l’élection de 2018. Une victoire qui annonce la suite?

Quel narratif pour le PQ et la CAQ?

Même si le Parti Québécois est encore en avance dans les sondages avec 30% des intentions de vote, le dernier sondage Léger mettait la CAQ à 24%, un écart qui se resserre depuis quelques semaines. Dans les derniers mois, la popularité du premier ministre est descendue en flèche, son niveau d’approbation et le départ du superministre Pierre Fitzgibbon avant la fin de son mandat n’ont peut-être pas aidé. 

Cependant, avant même que l’élection partielle soit déclenchée, les sondages donnaient le Parti Québécois gagnant dans Terrebonne. Une victoire composée d’un mélange entre un mécontentement envers le gouvernement et d’un retour aux amours passés avec la formation souverainiste. Une circonscription caquiste de plus tombe aux mains du PQ. François Legault n’a d’ailleurs pas attendu la fin de la soirée électorale pour concéder la victoire à son adversaire. 

Est-ce que cela veut dire que le Parti Québécois doit s’asseoir sur ses lauriers? Pas du tout. La victoire était relativement facile pour les péquistes cette fois-ci et le climat actuel avec les États-Unis peut donner, comme dans une moindre mesure en pandémie, une exposition supplémentaire au gouvernement en place. 

Une femme dans le caucus du PQ

Cette victoire de la candidate péquiste dans Terrebonne est un double message positif. Le Parti Québécois s’impose dans une seconde circonscription caquiste après sa victoire «surprise» dans Jean-Talon en 2023, mais aussi parce que Mme Gentilcore vient ajouter une voix féminine à ce caucus 100% masculin. 

On peut imaginer que c’est un soulagement pour le parti. Lors de l’élection dans Jean-Talon, ce dernier avait sondé plusieurs femmes dans le but de les attirer comme candidates, en vain. 

Catherine Gentilcore, alors déjà engagée dans le parti comme présidente, s’est imposée comme un choix évident pour les troupes péquistes : connaissance du parti et des enjeux politiques, souverainiste combative, et surtout, prête à se lancer. 

Terrebonne, reflet des prochaines élections?

Avec l’incertitude économique actuelle, le retour progressif du Parti libéral sur l’échiquier politique et le résultat des élections fédérales à venir, rien n’est plus indécis.

Un politicien comme Pablo Rodriguez à la tête du Parti libéral pourrait changer la perception du parti qui était dit «mort» il y a quelques mois. Le parti de François Legault pourrait se montrer rassurant pour les Québécois face à la menace américaine, même si, pour l’instant, le gouvernement a de la difficulté à faire passer le message du Québec d’abord en raison de la place que prend le gouvernement fédéral. Le Parti Québécois pourrait garder son statut de parti responsable, celui qui récupère en partie les électeurs mécontents de la CAQ. Encore faut-il que cette partie d’électeurs accepte que le Parti Québécois se lance dans un référendum dans le premier mandat. Pas impossible, mais fastidieux.

Un autre test se jouera assurément dans la prochaine partielle qui aura lieu dans Arthabaska. Éric Lefebvre, le député indépendant actuel, quitte pour se présenter pour le Parti conservateur aux élections fédérales, qui viendront probablement dans les prochaines semaines.

Une chose est sûre, la route est encore longue jusqu’en 2026 pour prédire la prochaine élection.