Que se passe-t-il au gouvernement durant la période estivale?

6 août 2024

Politique

Temps estimé: 4 minutes

Dès que la chaleur pointe le bout de son nez, l’actualité se calme, les émissions estivales prennent la place des habituels chroniqueurs et on se questionne collectivement sur des questions existentielles du genre : le mois d’août est-il le nouveau mois de juillet? 

Qu’en est-il au gouvernement? Oui, les ministres prennent des vacances, le personnel aussi, mais la machine gouvernementale dans son ensemble, elle, ne prend pas de congés. Quand on fait des relations gouvernementales, il est important de choisir ses moments d’interventions et de bien comprendre le rythme auquel sont soumis les élus et leurs cabinets. Pour simplifier, on peut découper l’été politique en trois périodes.

L’après-session

Dans l’univers gouvernemental et parlementaire, le rythme est d’un naturel effréné. Peu importe la formation politique, la fin de session printanière est synonyme d’épuisement. C’est la fin d’un marathon qui dure depuis septembre dernier. La fin des travaux de l’Assemblée nationale n’est toutefois pas synonyme de ralentissement pour le gouvernement. En fait…pas encore !

On attribue souvent les annonces d’après session à une volonté pour les gouvernements d’influencer les esprits citoyens avant le départ pour l’été. Sans être faux, surtout en période pré-électorale, ce n’est pas complètement vrai. En effet, les annonces et les déplacements plus fréquents à cette période s’expliquent davantage par l’aspect logistique des agendas libérés des obligations parlementaires. 

Les semaines qui précèdent la session, plusieurs équipes ministérielles cherchent à finaliser les projets de loi ou à pousser leurs dossiers à l’interne. Les mardis, mercredis et jeudis sont occupés en temps normal par la vie sur la colline. Les deux dernières semaines, on y ajoute le vendredi. Une fois terminé, les équipes se trouvent devant une très grande flexibilité d’agenda. Les rencontres, les déplacements en région et les annonces sont plus faciles à insérer. Cet espace est toutefois de courte durée. Les festivités de la Fête nationale dans les circonscriptions, le ralentissement de l’actualité et les vacances de tous et chacun arrivent rapidement. 

Pour une organisation, on doit voir cette période comme une zone potentielle d’aboutissement des dossiers qui n’ont pas besoin de changements législatifs. Si vous êtes en région, il est également pertinent de tenter de s’informer dès le mois de mai des plans des équipes ministérielles. Un ministre ou un porte-parole de dossier dans l’opposition de passage pourrait être intéressé à visiter votre usine ou à rencontrer vos employés.

L’entre-deux : le temps des vacances… et des activités estivales

Le gouvernement ne ferme jamais. Chacun des cabinets doit assurer une permanence. Les ministres qui partent à l’étranger doivent prévoir un remplaçant qui prendra officiellement ses fonctions par décret du Conseil des ministres. Dans l’opposition, les équipes de recherches font des tours de garde pour pouvoir réagir à l’actualité. Le Conseil des ministres et les comités ministériels prennent une pause de trois à quatre semaines, à la discrétion du premier ministre. Depuis la pandémie, les ministres peuvent profiter d’une alternance durant l’été entre le virtuel et le présentiel à Québec. Les employés et les élus en profitent pour prendre du temps avec leur famille. 

Cependant, c’est aussi le moment pour prendre soin de sa circonscription. Les députés vous le diront, les activités estivales sont légion. Épluchettes de blé d’Inde, marchés publics, festivals, fêtes de quartier, les organismes et les villes rivalisent de créativité pour animer le Québec. Dans chaque région, on y retrouve des événements à ne pas manquer pour les élus. Par exemple, au début juillet, on a vu le premier ministre avec son député Claude Reid, aux Régates de Valleyfield. C’est une façon agréable de rester connecté à la population et de ressourcer sa fierté d’être Québécois.

Cette période s’étend de début juillet à la première semaine d’août. Sauf de rares occasions, les employés et les élus ne prennent pas tout ce temps de vacances. C’est donc une période propice si vous désirez avoir une rencontre sur un dossier qui n’est pas d’actualité… à condition de ne pas être vous-même en congé!

L’avant-session

Vers la mi-août, tout le monde est de retour. Il y a la mise en commun des réflexions de l’été. Tout le monde a pris du recul. On planifie la prochaine année et plus précisément la rentrée parlementaire. Quels sont les sujets que nous voudrions mettre de l’avant? Les caucus présessionnels de chacune des formations politiques marquent la rentrée. Les oppositions voudront générer une nouvelle pour attirer l’attention sur leurs activités et pointer les enjeux qu’elles jugent prioritaires. Le gouvernement le voudra également, mais quant à lui, ce sera plutôt pour tenter de diriger à son avantage l’attention qu’il obtiendra de façon naturelle.

Vous êtes une organisation avec un volet en affaires publiques? Vous devez également procéder à une réflexion vis-à-vis de la rentrée parlementaire qui s’annonce. Quels sont les sujets que vous aimeriez voir traiter tant par l’espace médiatique que politique? Que voulez-vous mettre de l’avant comme positionnement? La politique est, plus souvent qu’autrement, une question d’alignement des astres. Avoir une stratégie et se préparer en amont permet de pouvoir en profiter lorsque les opportunités surviennent…et surtout profiter des journées d’été qu’il vous reste!