Trump de retour à la Maison-Blanche : Période d’incertitudes à venir pour le Canada?

7 novembre 2024

Général

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C’est une campagne tout sauf orthodoxe qui vient de se terminer aux États-Unis. Du retrait de la course en juillet de Joe Biden pour laisser sa place à sa vice-présidente Kamala Harris, aux propos surréalistes de Donald Trump qui accusaient les migrants haïtiens de manger des chats et des chiens : les rebondissements ont été nombreux. Puis, finalement, coup de théâtre : Donald Trump gagne la maison blanche avec une trame de fond économique.

De ce côté-ci de la frontière, les conséquences économiques et migratoires seront bien réelles du retour de Donald Trump au pouvoir. Déportations massives, repli économique, poursuites contre les « ennemis du régime » : le président américain a été très clair quant à son programme politique, qui laisse présager un avenir rapproché difficile pour l’économie canadienne.

Le personnage controversé est reconnu pour ses décisions qui tiennent davantage du dogmatisme que de la rationalité. L’imposition de tarifs douaniers sur toute importation nuirait non seulement à l’économie canadienne, mais aussi à celle américaine dans un contexte de production mondialisée. Les chaînes de production des deux côtés de la frontière sont imbriquées. Un produit peut traverser plusieurs fois le 49e parallèle, pour différentes étapes de la chaîne de production, avant d’arriver au produit fini.

Alors que le pays a reçu des records de nouveaux arrivants, on peut aussi s’attendre à une pression accrue aux frontières avec les menaces de déplacer tous les immigrants illégaux et à une augmentation de la tension liée à ces enjeux. Certains, paniqués, pourraient être tentés de venir tenter leur chance au Canada qui a déjà reçu beaucoup d’immigrants temporaires depuis deux ans.

La question de l’urne?

Mais comment les Américains ont-ils pu préférer l’ancien président, reconnu coupable de 34 chefs d’accusations criminelles, faut-il le rappeler, à l’ex-procureure de la Californie, Kamala Harris?

La question de l’urne semble avoir été l’économie. Notre voisin du Sud, comme nous, souffre d’une crise du coût de la vie. Avec des taux d’intérêt qui demeurent élevés, des logements et des maisons hors de prix, ainsi qu’un panier d’épicerie qui coûte de plus en plus cher : l’Américain moyen s’est appauvri. Donald Trump propose une réponse facile, voire simpliste, à ce problème : “Make America Great Again.” “We will fix the economy!”

Avec à peine quelques mois de campagne, Kamala Harris n’aura pas réussi à se dissocier de son président. Pour plusieurs, Joe Biden n’a pas réussi à freiner l’inflation et ramener un équilibre dans l’économie américaine post-pandémie.

Autre élément non négligeable : les afro-américains et les latinos ne sont pas sorti voter massivement, selon des données de récoltées par NBC News à la sortie des bureaux de scrutin. Les caucasiens représentent 58 % de la population américaine, selon le recensement national de 2023. Or, ils représentaient 71 % des votants, toujours selon NBC. Les latinos, eux, comptent pour 19,5 % de la population, mais ne représentent que 12 % des votants dans dix des états clés. Les afro-américains, qui ont voté massivement pour Kamala Harris, forment 13,7% de la population, mais n’ont été que 11 % des votants. À cela s’ajoute une percée notable des républicains auprès des latinos comparé aux cycles de 2016 et 2020, alors que le candidat Trump a obtenu pas moins de 45 % des votes au sein de ces communautés. Dans une élection si serrée, chaque vote compte.

Le parti auquel est associé Donald Trump a aussi très certainement penché dans la balance. Bon an, mal an, l’Amérique rurale vote rouge. L’homme d’affaires aurait été indépendant, le résultat aurait probablement été différent.

Seul le temps nous dira si le politicien à la tête d’une des plus grandes nations du monde en janvier mettra tout son plan en place. Chose certaine, ce sont des mois et des années d’incertitudes qui sont à venir sur l’échiquier mondial.