Le premier discours devant le Congrès américain du second mandat de Donald Trump s’est fait sous fond de tension. Pour preuve, il a débuté avec l’expulsion d’un représentant démocrate qui interrompait le président républicain en signe de protestation.
C’est une tradition du système politique américain. Le nouveau président s’adresse à une session conjointe de la Chambre des représentants et du Sénat six semaines après son entrée en poste. Ce discours a souvent tout d’une adresse à la nation, mais on était loin d’un ton solennel hier soir. Trump a d’ailleurs battu le record du plus long discours établi par Bill Clinton en 1993 : il a parlé pendant plus d’une heure quarante minutes.
Les représentants démocrates ont crié à plusieurs reprises qu’il affirmait des faussetés. Le président américain a répété des formules similaires à celles de son inauguration, en prenant soin d’y ajouter les très nombreux décrets promulgués ces dernières semaines. Donald Trump a aussi brisé un record à ce chapitre, en signant 70 décrets exécutifs dans ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche, le plus grand nombre depuis 40 ans.
Le président a profité de sa tribune pour réitérer son message à l’effet que le Canada et le Mexique ne contrôlent pas suffisamment le trafic de fentanyl vers son pays. Donald Trump a insisté que les tarifs allaient faire de l’Amérique un pays riche à nouveau, et que ses mesures protectionnistes seraient bénéfiques pour les agriculteurs. « Il va y avoir quelques petites turbulences (avec les tarifs), mais restez avec moi. Ce sera génial par la suite. »
L’objectif du discours était clair : en imposant des tarifs, Trump espère forcer les entreprises étrangères, dont celles établies au Canada, à venir s’installer aux États-Unis.
Le dirigeant de la puissance mondiale a d’ailleurs insinué qu’il prendrait le Groenland d’une façon ou d’une autre, en assurant à son peuple qu’il serait bien traité s’il se joint aux État-Unis. Il a tenu des propos similaires sur le sort du canal de Panama, qu’il convoite ouvertement.
Près de la moitié du discours de Donald Trump était consacré à des histoires de citoyens ayant vécu des situations difficiles, particulièrement des familles endeuillées ayant perdues un proche en raison des gestes d’immigrants illégaux.
Promettant de ramener la paix dans les rues des villes américaines, le président a affirmé qu’il expulserait les immigrants illégaux criminels du pays, et ramené son idée d’une carte de résidence à 5 millions de dollars l’unité afin d’attirer de nouveaux arrivés fortunés en sol américain. Il est aussi revenu sur ses coupes d’impôt, qui bénéficieront surtout à ceux qui gagnent plus de 300 000$ annuellement.
Le premier discours de Donald Trump au Congrès aura été à l’image des premières semaines de son second mandat : polarisant et sans compromis. Reste à voir si cette stratégie de confrontation permanente portera ses fruits, alors que l’administration américaine semble déjà vouloir partiellement revenir en arrière sur ses mesures tarifaires à l’égard du Canada.

