
Bilan de fin de session
Les 8 grands thèmes qui ont marqué le printemps 2025
État des chefs et des partis
Général
Est-ce que la CAQ a raté l’une des dernières opportunités de remonter la pente avec cette session qui s’achève ? Le Parti Québécois s’est maintenu au sommet des intentions de vote, mais est-ce éphémère ? La victoire dans Terrebonne sera-t-elle un cas isolé ? Le Parti libéral profite de l’arrivée de Carney dans les intentions de votes, mais voit sa course complètement effacée de l’espace public. Éric Duhaime réussira-t-il son entrée à l’Assemblée nationale cet automne ? Qu’arrive-t-il de Québec Solidaire qui voit son maillon le plus fort officialiser sa retraite de la politique ?
La session parlementaire qui s’achève n’aura pas permis de répondre à toutes ces questions si importantes pour les partis politiques québécois. C’est plutôt l’arrivée d’un nouveau Premier ministre canadien, d’un nouveau cabinet et les frasques de Donald Trump qui ont marqué l’agenda médiatique. Retrouvez dans ce bilan, préparé avec soin par notre équipe, ce qui a retenu notre attention durant cette session parlementaire.
L'immigration et ses chiffres
Immigration
Débutant l’année avec son « modèle d’intégration », le gouvernement dépose une loi-cadre pour encadrer l’immigration au Québec. Les discussions étant déjà tendues, les oppositions n’ont pas tardé à critiquer les démarches du ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, Jean-François Roberge. Les restrictions imposées et les difficultés de négocier avec Ottawa ont un impact considérable sur les entreprises et les régions qui multiplient les sorties, notamment au sujet des travailleurs étrangers temporaires. Les cégeps et les universités ne sont pas épargnés, voyant une révision des plafonds pour les étudiants étrangers.
Pour terminer la session, le ministre a lancé sa planification pluriannuelle de l’immigration 2026-2029, comprenant une consultation publique. Bon nombre d’entreprises, de regroupements et de municipalités pourront faire entendre leur voix en déposant un mémoire avant le 15 août. L’occasion toute désignée pour participer à l’exercice afin de positionner son organisation et ses recommandations. Les auditions publiques débuteront dès le retour cet automne avec la Commission des relations avec les citoyens.
Les finances publiques et sa décote
Finances
Si quelqu’un cherchait encore l’étiquette qui s’accrocherait au gouvernement Legault, plusieurs l’ont trouvé lors de la dernière session. Il aura causé la décote du Québec. Cette baisse de la cote de crédit pourrait avoir des répercussions sur le portefeuille des Québécois. Le ministre des Finances, Éric Girard, se faisait d’abord rassurant pour finalement admettre qu’il avait minimisé les conséquences de cette nouvelle. Ce sont 450 M$ sur 10 ans qui impacteront le trésor public.
Après le succès mitigé de sa mise à jour économique, le ministre des Finances doit encore faire face aux menaces tarifaires de Donald Trump ce qui laisse planer un gros nuage d’incertitude sur les finances de l’État.
La santé et ses nombreux chantiers
Santé
Le plus gros portefeuille de l’État aura occupé une place majeure dans l’agenda politique. Plusieurs se souviendront des images pas si lointaines de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont inondé, des rats et des écureuils qui y ont pris demeure et des innombrables interventions repoussées ou annulées en raison de la décrépitude des installations. Les nombreuses sorties des oppositions, des médias et même des employés auront forcé le gouvernement à débloquer les sommes nécessaires pour débuter les travaux pour remettre à niveau l’établissement de santé.
Après la création de Santé Québec, qui tarde à décoller, le ministre de la Santé, Christian Dubé continue de retourner les pierres du « mammouth ». D’abord avec le projet de loi 83 qui obligera les nouveaux médecins à travailler dans le réseau public afin qu’ils ne choisissent pas le privé. Puis, le projet de loi 106, Loi visant principalement à instaurer la responsabilité collective et l’imputabilité des médecins quant à l’amélioration de l’accès aux services médicaux, ramènera ce que plusieurs autres gouvernements ont tenté : réformer la rémunération des médecins.
Loin de faire l’unanimité dans les corridors des hôpitaux et auprès des syndicats, Christian Dubé a vu son étoile pâlir chez certains et doit continuer de défendre sa vision et rassurer la population que personne ne perdra son médecin. Un beau casse-tête pour le ministre.
Donald Trump et ses tarifs
Économie
En trame de fond de l’incertitude pour l’économie canadienne et québécoise, notamment pour les secteurs de l’acier, de l’aluminium, du bois, de l’automobile et du pétrole, les tarifs imposés par le président américain changeront la face des relations entre les pays. Parsemée de rebondissements, de dates butoirs, de recul et d’accusations, cette situation aura été le plus grand facteur dans l’élection du premier ministre Mark Carney.
De son côté, le Québec, plus prudent dans ses sorties que ses homologues des autres provinces – pensons ici au premier ministre de l’Ontario qui s’est présenté comme le « capitaine Canada » – tentera de faire des gains en se rendant à Washington en février dernier. Les premiers ministres des provinces ont multiplié les rencontres de la confédération et s’entendent pour réduire les barrières du commerce interprovincial. Le ministre délégué à l’Économie, Christopher Skeete a d’ailleurs déposé le projet de loi 112 favorisant le commerce des produits et la mobilité de la main-d’œuvre en provenance des autres provinces et des territoires du Canada.
La forêt et son nouveau régime
Forêt
Nécessaire pour réformer l’industrie forestière pour certains, occasion manquée pour d’autres, le projet de loi 97 crée des remous entre les différents groupes qui se sentent écartés des consultations. Plusieurs zones grises demeurent dans cette modernisation du régime forestier qui est tout sauf simple. Il faudra toutefois attendre à l’automne afin de poursuivre les discussions avec l’étude détaillée.
Il faut se rappeler que la ministre Blanchette Vézina avait pris la décision de consulter à huis clos certains groupes, ce qui ne faisait pas que des heureux. Il sera désormais interdit de créer des zones protégées dans la forêt sans en avoir l’aval du gouvernement. Une mesure qui fait sourcilier les différentes nations autochtones qui ont déjà commencé à bloquer l’accès aux chemins forestiers en guise de protestation. Ce projet de loi qui était censé régler plusieurs différends semble plutôt diviser. Cette incertitude a même poussé une entreprise à mettre sur pause ses opérations, causant des milliers de pertes d’emplois.
L’énergie et sa production
Énergie
L’énergie a également pris sa place dans le débat alors que Québec a fixé par décret une hausse de 3 % des tarifs résidentiels d’Hydro-Québec, rejetant la proposition de 3,6 % de la Régie de l’énergie. Une promesse du premier ministre, François Legault. Les PME disent maintenant craindre que la perte de revenu se fasse sentir sur leur facture.
Pendant ce temps, l’adoption du projet de loi 69 aura nécessité un bâillon à la toute dernière journée de la session parlementaire. Pourquoi ? Le gouvernement affirme que cette adoption rapide évitera des pertes de 6 G$. Visant à doubler la production d’électricité d’ici 2035 avec des investissements de près de 200 G$, il donne plus de liberté à Hydro-Québec et limite le pouvoir de la Régie de l’énergie. L’opposition critique le projet, dénonçant une dénationalisation d’Hydro-Québec, des risques d’augmentation de tarifs et de conflits d’intérêts. Malgré 150 heures de débats et plusieurs amendements, l’adoption s’est faite dans la controverse.
Le Travail et ses grèves
Travail
Le projet de loi 89 qui vise à mieux considérer les besoins de la population en cas de grève ou de lock-out a finalement été adopté à la fin mai par les parlementaires. À l’image du Code du travail canadien avec son fameux article 107, le gouvernement Legault souhaitait serrer la vis en replaçant la population du Québec, qui peut parfois faire les frais des moyens de pression, au cœur des débats.
Les syndicats se voient modifier ainsi un de leurs leviers de négociation. Après les dernières grèves dans le milieu de l’éducation, les centres de la petite enfance, de la construction et dans d’autres domaines, c’est potentiellement un des projets de loi de la CAQ qui a reçu le plus grand assentiment de la population.
La SAAQ et le numérique
Transport
C’est sous le signe de la Commission d’enquête Gallant que le scandale SAAQclic continue de dévoiler mauvais coup après mauvais coup. Une enfilade de décisions les plus douteuses auront valu au député Éric Caire son poste de ministre.
Cette enquête sur le fiasco du programme CASA, dont les dépassements de coûts atteignent 1,1 G$, n’a pas fini de faire couler de l’encre, ni de susciter de vives réactions des partis d’oppositions. Le contrat controversé, signé après des négociations tendues, illustre les failles du virage numérique de la société d’État. Qu’apprendrons-nous de ce chantier qui avait pour but de moderniser les systèmes informatiques ? Est-ce que le ministère de la Santé tentera d’éviter pareille chute avec le Dossier de santé numérique ?
Un automne à saveur électorale (encore)
Conclusion
La prochaine session risque d’être bien enlevante alors qu’une fois de plus les rumeurs de remaniement ministériel se laissent aller. On entend que le premier ministre Legault devrait modifier son cabinet, pratiquement inchangé depuis 2018, pour laisser de la place à certains des joueurs qui voudraient se positionner pour l’élection de 2026. Dans son bilan, le PM affirme qu’il sera encore aux commandes de la CAQ lors du prochain suffrage, essayant de faire taire ceux qui disent le contraire. Avec des sondages au plus bas, nous risquons de voir plusieurs mouvements dans les rangs caquistes, à l’avant-scène comme dans les rangs des stratèges.
La partielle dans Arthabaska aura également un impact. Le PCQ pourrait enfin réussir à avoir un député alors qu’Éric Duhaime sera sur les bulletins de vote. Le PQ pourrait réaliser un 3 en 3 pour les élections partielles grâce à son candidat, Alex Boissonneault, qui n’est pas passé sous silence. Puis, la CAQ pourrait avoir des résultats tout aussi désastreux que dans Terrebonne.
Pour le PLQ, rien n’est joué avec le nouveau chef qui viendra brouiller les pistes. La victoire potentielle de Pablo Rodriguez ramènera-t-elle le débat sur la question nationale de l’avant-plan ? Finalement, Québec solidaire bat de l’aile depuis le départ de Gabriel Nadeau-Dubois en tant que co-porte-parole. Qui prendra le relais aux côtés de Ruba Ghazal ? Quelques noms sont annoncés, mais aucun ne se démarque clairement.
L’automne sera également marqué par les élections municipales – où nous verrons assurément d’anciens députés faire leur entrée dans la course. À Montréal, qui succédera à Valérie Plante ? À Québec, est-ce que le maire Marchand saura conserver son poste ? Encore plusieurs questions qui continueront de cheminer durant l’été pour revenir en force à la rentrée.
Et maintenant ? C’est le temps de planifier pour saisir les opportunités de la pause estivale.












