La course à la chefferie du Parti libéral du Québec, qui s’est achevée après plusieurs mois d’attente n’aura pas fait lever les foules. Réservé aux membres du parti, le vote aura au moins permis aux libéraux de se mobiliser de manière convaincante à l’interne, un bon aperçu de ce qui nous attend à l’élection générale de 2026. Toutefois, le PLQ a encore bien du travail à faire pour reconnecter avec l’électorat, surtout francophone, qui l’a déserté ces dernières années.
Les libéraux devront s’unir pour reconquérir
Avant d’envisager la victoire à la prochaine élection et de tenter lui-même de se faire élire, Pablo Rodriguez devra assurer le rassemblement des militants et des militantes, tout comme du caucus libéral, autour de sa vision pour le Québec. Et les premiers échos du terrain laissent présager une tâche plutôt ardue. L’union des forces libérales n’est pas inéluctable.
La victoire fut plus étriquée que prévu par les partisans du nouveau chef et, en forçant un second tour serré, Charles Milliard a su démontrer que l’appétit pour un renouveau nationaliste, régional et générationnel était bien présent. C’est là où une défaite avec un faible écart peut laisser un goût amer au sein du reste des membres du parti.
Il sera primordial que le nouveau chef réussisse à panser les plaies inhérentes à toute campagne à la chefferie, bien que celle-ci n’ait pas été particulièrement acrimonieuse. Trop souvent, nous sommes témoins d’une période au cours de laquelle se manifestent les reproches et les représailles. Québec solidaire récemment, ou le Parti québécois dans son histoire l’ont démontré.
Bien qu’il soit maintenant élu chef du PLQ, Pablo Rodriguez devra ainsi continuer à convaincre ses propres troupes et, dans un même temps, pivoter vers l’électorat dans son ensemble. Il devra démontrer aux Québécoises et Québécois qu’il représente l’avenir pour le Québec, un défi de taille, particulièrement puisqu’il devra se faire persuasif au-delà de l’île de Montréal et se détacher de son historique des dernières années auprès de Justin Trudeau.
Et les régions dans tout ça ?
C’est ici le deuxième grand défi qui s’annonce pour le chef libéral. En regardant de plus près les chiffres du scrutin, nous pouvons raisonnablement voir un désir de remettre les régions au centre du jeu chez les membres du PLQ. Au premier tour, Charles Milliard et Karl Blackburn, deux candidats qui mettent les régions de l’avant, ont récolté à eux seuls 56,3 % des voix. Il s’agit là d’un signal plutôt limpide que le Québec des régions doit revenir au centre du projet libéral. En élisant un ancien ministre libéral fédéral montréalais, lieutenant de Justin Trudeau pour le Québec, les libéraux ont fait un choix risqué en vue des prochaines échéances électorales, même si les sondages et la notoriété de M. Rodriguez ne doivent pas être négligés.
Les régions et les grands centres possèdent des réalités distinctes avec lesquels les politiciens doivent composer. Des entreprises et des industries différentes, mais complémentaires qui contribuent à l’économie et au dynamisme du Québec. Comment rallier sans diviser ou encore comprendre sans imposer. Au moment où même la CAQ se voit reprocher de s’éloigner des régions, il sera intéressant de voir comment Pablo Rodriguez sera perçu aux quatre coins du Québec. Il devra défendre le difficile héritage des années Trudeau tout en étant crédible sur le français et les déficits, par exemple.
Dans un contexte où le sentiment national canadien est renforcé par le retour de Donald Trump et où le Parti québécois continue de trôner à la première place des sondages, soyons attentifs à la capacité du PLQ de capitaliser sur la victoire de Mark Carney, et ce, sans négliger l’envie des Québécois et Québécoises de remettre la souveraineté au centre du débat pour renforcer son rapport de force avec Ottawa. Tout reste encore à faire pour Pablo Rodriguez, qui devra pour l’instant se contenter de regarder l’Assemblée nationale de loin. Attendra-t-il l’élection générale ou tentera-t-il une prochaine élection partielle ? Il serait étonnant de le voir comme candidat dans Arthabaska.