Bilan de session: ce qui a retenu notre attention

Retour sur les nouvelles marquantes d’un automne chargé
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Équipe Catapulte
13 décembre 2023
Grèves des travailleurs du secteur public, inflation, crise du logement et des médias, l’actualité politique de l’automne 2023 a été forte en polémiques et riche en controverses.
 
Alors que la Coalition Avenir Québec (CAQ) trônait au sommet des sondages il y a un an à peine, l’automne 2023 aura été une succession de décisions politiques qui a plongé le gouvernement caquiste dans l’embarras, laissant le champ libre à une spectaculaire remontée du Parti Québécois (PQ). Est-ce que les journées froides de l’hiver 2024 tempéreront l’élan politique de la population? 

Avec le temps des fêtes à nos portes, Catapulte vous propose son bilan de session d’automne.

Septembre

Rentrée : les profs manquent à l’appel

À l’aube de la rentrée scolaire 2023, les manchettes annonçaient qu’il manquait plus de 8 500 enseignants dans les classes du Québec, à s’en fier aux chiffres des centres de services scolaires. Ce n’est qu’après coup qu’on apprit que ces chiffres étaient erronés et dataient du mois d’août. Cet incident apporta un autre constat : la maîtrise défaillante des données en éducation. 

Les acteurs du réseau pointent du doigt des ratios en classe démesurés, l’augmentation du nombre d’élèves en difficulté et une baisse de la qualité de l’enseignement en raison du manque de soutien. Dans l'œil de la tempête, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, admet que l’objectif immédiat n’est pas forcément d’avoir un enseignant par classe, mais au moins un adulte. Au mois d’octobre, toujours selon les estimations des centres de services scolaires, plus de 1 600 postes étaient encore à pourvoir.

Septembre

Cellulaire en classe : nouvelle priorité pédagogique?

Énorme changement dans la réalité des élèves : les téléphones cellulaires seront officiellement proscrits en classe à partir du 31 décembre 2023. Le ministre Drainville a tranché en transmettant aux centres de services scolaires une directive le stipulant. Cette mesure viserait à créer un environnement plus propice à l’enseignement et à l’apprentissage, dans le but de favoriser la réussite scolaire des élèves. Certains répondent que les téléphones cellulaires peuvent être utilisés de manière constructive lorsque ceux-ci sont utilisés à des fins pédagogiques, alors que d’autres se réjouissent de se débarrasser de cette source de distraction.

Septembre

L’hommage qui causa l’embarras du Canada

À l’occasion d’une visite fort attendue du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Ottawa, les parlementaires ont eu l’occasion de rendre un hommage à plusieurs héros originaires d’Ukraine. Parmi eux, un ex-soldat ukrainien ayant combattu lors de la Seconde Guerre mondiale… dans le camp nazi. 

L’affaire ayant fait le tour du monde et sous une pression insoutenable provenant autant des oppositions, des médias que du gouvernement libéral lui-même, le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a été forcé de démissionner dans la honte et remplacé par Greg Fergus. Du côté de l’Assemblée nationale, les députés ont voté à l’unanimité une motion visant à se dissocier de cet hommage embarrassant.

Octobre

Un quatrième mousquetaire à l’Assemblée nationale

Le début du mois d’octobre fut marqué par une victoire étonnante du PQ dans Jean-Talon, circonscription de Québec laissée vacante par le départ de la caquiste Joëlle Boutin en juillet. Étonnante vue la composition de la circonscription, qui n’avait jamais été gagnée par ce parti dans toute son histoire, dans une région où le PQ peine à obtenir des gains depuis des lustres. Le PQ, n’ayant désormais que 4 députés sur 125, a quand même réussi à imposer son agenda tout au long de l’automne politique. Qui aurait cru, il y a moins de 18 mois, que Paul St-Pierre Plamondon dépasserait maintenant François Legault dans les préférences des électeurs au poste de premier ministre?

Octobre

Un conflit qui choque – et divise

Le 7 octobre 2023, le Hamas a lancé une attaque terrestre surprise contre Israël, dont la réplique fut instantanée et décuplée. Un conflit qui n’est pas nouveau, mais dont la reprise connaît une escalade de violence sans précédent. Des images qui choquent – autant que la situation divise des populations – partout à travers le globe. 

Un cessez-le-feu est rapidement réclamé, mais ce dernier, temporaire, n’aura finalement lieu qu’à la fin novembre, permettant ainsi de libérer une cinquantaine d’otages. Malheureusement, les tensions resurgirent rapidement, menant à une reprise des hostilités malgré les efforts diplomatiques visant à les contenir. Le premier ministre Justin Trudeau, qui s’en tenait alors à demander une « trêve humanitaire », a finalement appelé à un « cessez-le-feu durable » en décembre, le Canada soutenant également une motion en ce sens à l’Assemblée générale des Nations unies.

Octobre

Les douzes travaux de reconstruction du Parti libéral du Québec

Frôlant les 15 % dans les intentions de vote, le Parti libéral du Québec (PLQ) semble patauger au fond du baril des appuis populaires. Désireux de retrouver sa raison d’être et d’incarner les valeurs qui rassemblent ses membres, le parti a mandaté l’ancien éditorialiste de La Presse et sénateur André Pratte ainsi que la députée Madwa-Nika Cadet pour réaliser un rapport sur sa relance. Encensé par Jean Charest, le rapport intitulé S’affirmer, rassembler, prospérer, déposé à l’occasion du dernier congrès libéral, n’aura que peu d’écho auprès de la population, les médias préférant s’intéresser aux potentiels candidats à la chefferie. Le parti est par ailleurs marqué par une crise interne, alors que l’unique candidat ouvertement intéressé par la chefferie, le député Fred Beauchemin, fait l’objet d’une plainte pour harcèlement déposée par la présidente des jeunes libéraux. M. Beauchemin a été expulsé du caucus libéral le 7 octobre dernier.

Octobre

Violence dans les écoles : Prévenir plutôt que guérir

Le 27 octobre, le ministre Drainville présente son Plan de prévention de la violence et de l’intimidation dans les écoles, reposant sur quatre piliers : la documentation, la formation, la sensibilisation et le soutien. Le Plan représente un investissement de 30 millions $ sur cinq ans. Très attendu dans le milieu, il propose une série de mesures visant à améliorer la prévention de la violence dans les écoles en renforçant les compétences du personnel scolaire pour des interventions plus efficaces lors de certaines situations.

Octobre

Déterrer le 3e lien pour mieux enterrer le tramway?

Au lendemain de la défaite de son parti dans Jean-Talon, le premier ministre Legault ressuscite l’idée d’un troisième lien autoroutier entre Québec et Lévis à la surprise de tous, incluant des membres de son propre caucus. L’abandon de ce projet avait été lourd de conséquences pour la CAQ, mais l’idée de le remettre en branle n’a pas tout à fait eu l’effet escompté. 

Quelques semaines plus tard, le projet de tramway, dont les coûts estimés ont augmenté considérablement, a été retiré des mains de la Ville de Québec pour voir sa destinée confiée à la Caisse de dépôt et placement du Québec, maître d'œuvre du REM dans la métropole. Cette dernière devra déterminer au cours des six prochains mois le meilleur projet de transport structurant pour Québec, incluant la fluidité entre les deux rives (lire : la forme que pourrait prendre le fameux troisième lien).

Novembre

Le 5 à 7 M$ qui fait mouche

À la suite d’une mise à jour économique présentée sous le signe de l’inflation, le ministre des Finances, Éric Girard, annonce une subvention de 5 à 7 millions $ pour l’accueil de deux matchs hors saison des Kings de Los Angeles à Québec. Dans le contexte, la nouvelle sème la grogne durant plusieurs semaines. Les partis d’opposition dénoncent en choeur cette incohérence du gouvernement, alors que le ministre des Finances annonçait un resserrement des dépenses publiques une semaine plus tôt. Cette décision crée même de premières fractures étalées en public au sein du caucus caquiste. Malgré la désapprobation générale, le ministre des Finances persiste et signe.

Novembre

Logement, si tu m’entends

En novembre, la ministre des Finances du Canada, Chrystia Freeland, a présenté un énoncé économique ayant un double objectif : pallier à la hausse du coût de la vie et répondre à la crise du logement. Les mesures proposées, si elles sont pertinentes, se révèlent relativement modestes; on note entre autres la mise en service du Fonds pour le logement abordable, réservé à la création de logements communautaires. Plus tôt ce mois-là, Québec annonçait aussi un investissement d’envergure en habitation (900 millions $), égalant celui d’Ottawa confirmé par une entente entre les deux gouvernements. En plus de mesures annoncées pour répondre à la hausse de l’itinérance, ces investissements conjoints devraient permettre la construction de logements sociaux et abordables (8000 d’ici 2028), demande criée sur tous les toîts par les groupes œuvrant dans le milieu. 

Du côté du Québec, impossible d’ignorer la lutte législative acérée, qualifiée de « dialogue de sourds » entre la ministre de l’Habitation, France-Hélène Duranceau, et le député solidaire Andrés Fontecilla, pendant l'étude du projet de loi 31. Celui-ci devrait finalement sonner le glas des cessions de bail telle qu’on les connaît actuellement au Québec. Malheureusement pour la ministre, l’adoption de son projet de loi a été reporté au retour des Fêtes. 

Novembre

La députée-punk qui sème la zizanie

À deux semaines du congrès de Québec solidaire (QS) prévu pour la fin novembre, l’ancienne députée de la formation politique de gauche, Catherine Dorion, sort son livre choc Les têtes brulées : carnets d’espoir punk. Elle revient alors sur son passage mitigé à l’Assemblée nationale, incluant sa relation difficile avec les médias, le cadre rigide du travail parlementaire, mais aussi avec le co-porte-parole de QS, Gabriel Nadeau-Dubois. Ce livre tombe comme une bombe alors que les membres doivent élire leur nouvelle co-porte-parole féminine et que la place de Gabriel Nadeau-Dubois à la tête du parti est remise en question, y compris par le principal intéressé.

Les troupes sortent finalement du congrès moins divisées qu’ancitipé, avec un appui de 90,1% pour Nadeau-Dubois et une nouvelle porte-parole extraparlementaire issue « de la ruralité », l’ancienne députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Émilise Lessard-Therrien (élue par une mince marge de 3 votes sur sa rivale Ruba Ghazal). Lequel ou laquelle des deux portera le chapeau de potentiel premier ou première ministre aux prochaines élections? Réponse au congrès pré-électoral de QS, environ un an avant le scrutin de 2026.

Novembre

La loi C-18 ou le choc des Titans

Adopté au parlement fédéral en juin dernier, le projet de loi C-18 vise à contraindre les GAFAM à indemniser les médias canadiens pour l’utilisation de leurs contenus. Alors que Meta (société propriétaire de Facebook et Instagram, notamment) décide de bloquer les contenus médiatiques canadiens sur ses plateformes en guise de représailles, et que Google menace de supprimer leurs article de son moteur de recherche, le gouvernement fédéral s’engage dans un bras de fer qui intensifiera une crise déjà bien sentie dans les médias. Crise illustrée entre autres par la fermeture du journal Métro, des licenciements massifs chez Bell, TVA et même le diffuseur public, CBC/Radio-Canada.  

En soutien aux médias, plusieurs gouvernements, municipalités, partis politiques, associations et entreprises choisiront de boycotter les outils publicitaires de Meta. À quelques semaines de l'entrée en vigueur de la loi et à l'issue d’une bataille menée de front par la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, un compromis est finalement atteint avec Google. Du côté du Québec, le ministre de la Culture et des Communication, Mathieu Lacombe, songe à un fonds d’aide aux médias, réclamé depuis longtemps par de nombreux acteurs. La question qui demeure : est-ce que le diffuseur public devrait toucher aux sommes obtenues de Google? Québec a d’ores et déjà fait connaître sa position.  

Décembre

Un mouvement de grève « historique »

L’automne 2023 aura été marqué par un mouvement de mobilisation syndicale qualifié d’historique. Le Front commun (CSN, CSQ, FTQ, APTS), la FIQ et la FAE sont engagés dans un marathon de négociations avec le gouvernement qui, les avancées étant jugées insatisfaisantes, ont débouché sur plusieurs séquences de grève – voire une grève illimitée, dans le cas de la FAE. Plus que jamais, les revendications syndicales et les offres gouvernementales divergent, alors que les négociations semblent patiner. En cause : des conditions salariales et de travail jugées insoutenables, que ce soit dans le réseau de l’éducation ou de la santé. 

Les choix récents du gouvernement, dont l'augmentation de 30 % des salaires des députés, une mise à jour économique révélant un ralentissement des investissements publics et la subvention accordée aux Kings de Los Angeles, servent de munitions aux syndicats face aux offres jugées insuffisantes de la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel. D’autant que ses collègues ne l’aident pas toujours avec leurs déclarations spontanées. Dans cette saga difficile à suivre, une entente avant les fêtes de fin d’année s’avérerait un cadeau inespéré pour tout le monde.

Décembre

Une réforme controversée en éducation

Présenté par le ministre Drainville en mai dernier, le projet de loi numéro 23 vise essentiellement à créer un Institut national d’excellence en éducation, à faciliter l’accès et l’utilisation des données au sein du réseau, ainsi qu’à donner le pouvoir au ministre de nommer les dirigeants des centres de services scolaires et d’annuler leurs décisions si elles entrent en contradiction avec les objectifs et les orientations du gouvernement. 

Le projet de loi, dénoncé par certains acteurs du milieu scolaire comme étant centralisateur, concerne d’abord la gouvernance du réseau, et non la pénurie de main-d'œuvre tant décriée. Jusqu’à la fin de l’étude du projet de loi, plusieurs syndicats et acteurs du monde de l’enseignement demanderont au ministre d’abandonner sa réforme. Ce ne sera pas le cas, le projet de loi étant adopté au dernier jour de la session.

Décembre

Une entrée de force pour le mammouth

À la session dernière, le ministre de la Santé, Christian Dubé, avait promis de « shaker les colonnes du temples » avec son projet de loi 15. C'est finalement sous bâillon que le mastodonte de près de 1 200 articles fut adopté aux petites heures samedi matin, laissant de côté l’étude détaillée de près de 400 articles et de plusieurs centaines d’autres amendements. 

Les critiques des partis d'opposition sur le mode d'adoption du projet de loi ont poussé Christian Dubé à s'exprimer sur les réseaux sociaux le dimanche soir, dans une vidéo vantant sa réforme. Le projet de loi 15 instaurera plusieurs changements organisationnels dans le milieu de la santé, notamment au plus haut niveau, en créant l’agence Santé Québec, qui gérera désormais toutes les opérations du réseau. Reste à voir quels changements concrets cette réforme tant débattue aura sur le quotidien des employés du réseau et, surtout, pour l’accès aux soins des patients.

Un repos bien mérité

Tant du côté d’Ottawa qu’à Québec, la popularité des gouvernements est en chute libre, la confiance de la population semblant s’effriter de plus en plus. Est-ce le prix politique à payer pour une inflation galopante? Quoiqu’il en soit, la période des fêtes promet d’être un moment de remise en question pour nos premiers ministres. 

François Legault, dans ses vœux des fêtes, a demandé au père Noël une boussole afin de le guider pendant la prochaine année. Cette recherche de nouvelle direction pourrait-elle le mener vers un remaniement ministériel? 

Justin Trudeau, conscient qu’il se dirige vers une quatrième campagne électorale qui s'annonce loin d’être gagnée, doit retrouver sa capacité à motiver ses troupes, avec l'espoir de rester en poste. 

Les défis sont grands, et la capacité de ces leaders à naviguer en eaux troubles tout en restant connectés aux défis vécus par leurs concitoyens définira non seulement leur avenir politique, mais aussi le cours des événements dans un Québec et un Canada en attente de changements significatifs sur plusieurs fronts. 

Sur ce, l’équipe de Catapulte en profite pour vous offrir ses meilleurs vœux à l’approche des fêtes ! Au plaisir de vous retrouver pour une année politique qui s’annonce tout aussi excitante en 2024.

Rédaction

Cedrik

Alexandra Boudreault

Conseillère affaires publiques

Adele

Adèle Catteau

Conseillère affaires publiques

Anne-Sophie Desprez

Conseillère affaires publiques

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*Ceci est une initiative de Catapulte Communication. Régulièrement, notre équipe de spécialistes en affaires publiques vous partage le regard d’un de ses membres sur une actualité qui a retenu son attention. Il s’agit d’une opinion à chaud pour engager la discussion et non une analyse exhaustive.

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